Les voyages d'Ulysse

Si Achille est le personnage principal de l’Iliade, Ulysse lui succède dans l’Odyssée, le second livre attribué à Homère. Son second ouvrage se veut avant tout initiatique et peut se lire au travers de plusieurs prismes.

Celui du bonheur semble le plus immédiat. Après l’enfer de la guerre de Troie, le retour à vie bonne doit se dérouler par étapes pour savoir ce qu’est vraiment le bonheur.

Il s’agit d’un mythe, les personnages que rencontre le héros de la guerre de Troie n’ont bien sûr pas existé, encore que…

Il s’agit aussi d’un voyage en douze étapes sur douze îles différentes, voyage qui durera dix longues années.

Pourquoi douze étapes ?

Douze est un nombre symbolique que l’on rencontre dans toutes les cultures avec des propriétés mathématiques intéressantes.

Le nombre 12 symbolise ce qui est achevé, la perfection. On le qualifie d’ailleurs de chiffre sublime, car il revêt de nombreuses qualités mathématiques parmi lesquelles on peut retenir :

Sa facilité pour le diviser fait qu’il a été choisi pour diviser le temps d’une journée en deux parties de douze heures et l’année en douze mois. Certains peuples découpaient aussi l’année en douze lunaisons car la Lune fait environ douze fois le tour de la Terre en une année.

Pour rester dans la mythologie les premiers dieux, à savoir Ouranos (le Ciel) et Gaïa (la Terre), ont donné naissance à douze Titans. De son côté, Héraclès (Hercule) dut accomplir douze travaux.

Les douze étapes avertissent le lecteur que, dans l’aventure d’Ulysse, tout n’est que symboles et qu’il s’égarerait en prenant au premier degré ce long périple.

Pourquoi des îles ?

On n’arrive sur une île que par bateau ou, de nos jours, par avion, autrement dit par le truchement d’un voyage. Or, l’Odyssée est un procédé pour découvrir in fine ce qu’est le bonheur.

Pourquoi dix années ?

Là encore le nombre dix possède une valeur symbolique. Il correspond à l’homme initié. Les pythagoriciens, au VI^e siècle avant notre ère, prêtaient du reste serment sur le nombre 10. On le rencontre également dans de nombreuses cultures.

Les Grecs considéraient le nombre 3 comme celui de la globalisation du monde, de l’unification. La déesse Athéna (Minerve) se nommait du reste Athéna Tritogénia c’est à dire qui celle qui engendre le trois.

La tétraktys de Pythagore consiste en un grand triangle découpé en trois étages.

Chaque étage comporte un nombre différent de petits triangles équilatéraux, tous de même taille.

Premier étage, un seul triangle.
Deuxième étage, trois triangles.
Troisième étage, cinq triangles.

Les intersections formées par les sommets et les bases des petits triangles révèlent dix points.

Ainsi l’Odyssée se révèle bien plus riche, plus prometteuse que la simple histoire d’un époux au destin contrarié par les dieux. Elle est un mode d’emploi pour tous et, c’est à souligner, très actuel. Je dirais même intemporel. C’est ce qui fait la valeur des mythes.

Les mythes sont une manière de rendre intelligible l’incompréhensible. Ils ne s’adressent pas à la raison, mais à l’intuition. Il n’y a aucune logique, ni espace ni temps. Et c’est parce qu’il n’y a aucune argumentation rationnelle que chacun peut en tirer sa propre vérité.