
Interview postume de Jules César
Mon interview d’une célébrité dans La Voce de novembre-décembre 2024 (pseudonyme Franco Berneri-Croce)
Franco Berneri-Croce : Ave César ! Nous voici dans la seconde partie de notre interview. Nous en étions restés à ta conquête de la Gaule. Il paraît que tu étais toujours à l’avant de tes troupes bravant la mort et tissant des plans d’attaque ingénieux.
Jules César : Un véritable chef se doit de montrer l’exemple en toute circonstance. Lors d’une bataille, il y a eu 23 000 Gaulois de tués contre 112 des nôtres. En tout, j’ai occis environ 300 000 Gaulois, ce qui m’a valu l’admiration du peuple romain et l’inimitié jalouse de ses dirigeants. D’autant que je suis aussi allé en Grande-Bretagne, que j’ai conquise en partie et aussi de l’autre côté du Rhin pour revenir en Gaule. Les sénateurs de Rome craignirent qu’avec mes troupes totalement dévouées à ma personne je ne m’empare de Rome. D’autant qu’un général du nom de Marc-Antoine m’avait rejoint en Gaule et après la défaire de Gergovie, j’ai assiégé puis pris Alésia forte de 18 000 Gaulois avec 250 000 autres Gaulois qui devaient venir en renfort. Face à eux, nous n’étions que 40 000 légionnaires. À Rome, tous les sénateurs et le consul Pompée lui-même espéraient ma mort, car une victoire me rendrait trop puissant.
FBC : Comment as-tu fait pour vaincre ?
JC : J’ai empêché que les troupes se rejoignent et Vercingétorix, leur chef, a dû se rendre. Veni, vidi, vici, mais ces victoires avaient un goût de profonde tristesse. J’ai appris la mort de ma fille Julia peu après qu’elle eut accouché d’un enfant mort-né. Je n’ai pas eu le temps de m’attendrir. Mes victoires sonnaient ma perte à Rome. J’ai été déchu de mon proconsulat et l’on m’a demandé de revenir à Rome en simple citoyen pour rendre compte de mes crimes, arguant du fait que j’aurais agi non pour Rome, mais pour mon intérêt personnel.
FBC : Ce n’est pas faire preuve de beaucoup de reconnaissance.
JC : C’est surtout faire preuve de peur que je prenne le pouvoir. En essayant de m’en éloigner, ils l’ont au contraire favorisé. Pompée a décidé d’envoyer des légions contre moi. J’ai alors décidé de le prendre de vitesse et de franchir le Rubicon, ce cours d’eau qu’il était interdit de franchir avec une armée sous peine de mort afin de protéger Rome de tout tyran qui s’en emparerait par la force. Devant mes troupes, Pompée et ses soutiens partirent pour la Grèce afin de réunir des armées et me battre. N’ayant plus d’opposition à Rome j’entrais sous les ovations de mon triomphe avec Vercingétorix comme prisonnier.
FBC : Pourquoi l’avoir fait étrangler dans sa cellule ?
JC : Par charité. Vaincu, je n’aurais pas voulu être exposé comme un trophée. Il me l’avait demandé et j’ai consenti à sa demande.
FBC : Et Cléopâtre ?
JC : J’y viens. Je suis devenu dictateur, le peuple voulait que je devienne empereur, mais j’ai toujours refusé, sachant que je me mettrai tout le sénat à dos. J’ai dû partir pour la Grèce combattre Pompée, laissant Rome aux mains de mon lieutenant Marc-Antoine. J’ai défait eux qui étaient devenus mes ennemis, notamment mon fils adoptif Brutus, mais Pompée avait réussi à fuir en Égypte sans ses légions pour demander de l’aide à Ptolémée, le roi âgé de 13 ans et marié à sa sœur Cléopâtre âgée de 18 ans. Pompée n’a jamais su anticiper les traitrises. Les hommes croient volontiers ce qu’ils souhaitent. Il souhaitait être reconnu comme le roi des rois, le régent du roi d’Égypte, l’a fait assassiner à son arrivée. J’avais beaucoup d’estime et de respect pour Pompée et j’ai fait payer de leur vie leur méfait à ses assassins. Cléopâtre est venue demander ma protection, car elle craignait pour sa vie.
FBC : Cela n’a pas été apprécié par tout le monde, j’imagine.
JC : En effet, j’ai dû aller combattre mes derniers opposants dirigés par Caton, le beau-père de Brutus et un sénateur, réfugié dans la Tunisie actuelle. En bon stoïcien, celui-ci s’est suicidé à mon arrivée. Puis, je suis rentré à Rome à nouveau en triomphateur avec Cléopâtre et notre fils, Césarion, à mes côtés. C’est alors que des rumeurs ont filtré disant que je serai couronné empereur aux ides de mars. Un complot s’est alors formé pour m’assassiner. Calpurnia m’avait averti qu’elle avait fait le rêve qu’on m’assassinerait lors de ces fêtes, mais je ne l’ai pas crue. On m’a aussi remis un message me mettant en garde contre une conjuration qui m’assassinerait le jour même, mais je n’ai pas eu le temps de le lire et puis un devin m’a mis lui aussi en garde, mais je n’y ai pas prêté attention. On m’a assassiné en plein sénat chaque conjuré, dont Brutus, m’ayant porté un coup de stylet, celui avec lequel ils gravaient la cire des tablettes. On rapporte mes dernières paroles comme étant : Tu quoque, fili mi ! Toi aussi mon fils ! C’est une erreur, car nous ne parlions pas latin entre nous, mais grec, comme toute personne lettrée à cette époque !
FBC : Une dernière question, quel regard portes-tu sur notre époque en Gaule, je veux dire en France ?
JC : Elle ressemble à la décadence de Rome au Ve siècle après J.-C. Vos dirigeants ont abdiqué, vous êtes décadents et vous abandonnez votre culture.
Voir Interview 1 de Jules César
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Excellent interview. A noter que le personnage de Vercingétorix a été monté en épingle, de toutes pièces, au XIXe siècle pour créer un patriotisme Républicain. En fait il est probable que ce personnage – non sans valeur – qui avait été formé à Rome alors qu’il s’y trouvait en tant qu’otage désigné par l’aristocratie arverne, avant la guerre des Gaules, ait été controversé, en particulier par les Arvernes, et surtout après la défaite gauloise d’Avaricum. En général, César laissait en place les notables gaulois lorsqu’ils lui avaient été fidèles ; par contre il ne supportait pas la trahison ou le manque de reconnaissance. L’absence totale de mansuétude de César à l’égard de Vercingétorix pourrait faire suggérer à un romancier « people » qu’en fait, César, à la sexualité ambivalente dans sa jeunesse (ce qui était fréquent) n’ait pas pardonné à Vercingétorix de ne pas avoir cédé à ses avances lorsque le jeune Gaulois était otage… mais où sont les textes ?
Toujours très interessant, toi qui est l’auteur d’Amonorix, médecin de César, un livre sur Jules.
Toujours intéressant je reprends les lectures après un moment très occupé. Je découvre certains aspects. En tout cas la décadence de la France bon parallèle. Merci pour ce texte.
Merci chère Françoise !