Interview postume de Giuseppe Garibaldi
Mon interview d'une célébrité dans La Voce de novembre-décembre 2022 (pseudonyme Franco Berneri-Croce)
Franco-Berneri-Croce : Bonjour Général, La Voce vous remercie de ressurgir une nouvelle fois pour nous recevoir.
Giuseppe Garibaldi : Oui, je suis un spécialiste du risorgimento, le resurgissement.
FBC : Vous êtes né à Nice en 1804 et vous parlez le niçois, ce qui est aujourd’hui relativement rare.
GG : En effet, mais vous savez, j’ai peu l’occasion de pratiquer depuis quelque temps.
FBC : Je m’en doute. Vous êtes l’un des quatre pères de l’Italie avec Mazzini, Cavour et Victor Emmanuel II. Comment en êtes-vous arrivé là ? Et pourquoi l’Italie ? Vous étiez Français !
GG : Mamma mia, que de questions ! C’est une bien longue histoire. J’ai toujours été fasciné par l’Italie. Mon père était originaire de Chiavari au sud de Gènes. Alors que j’étais encore enfant, j’ai pris une barque avec deux ou trois amis pour rejoindre la Ligurie. Heureusement, on m’a arrêté et reconduit chez mes parents. Étais-je bête ! Mais le démon de l’Italie me possédait toujours. Vous le savez bien vous aussi. On a l’Italie dans le sang même quand on est ailleurs. Je me suis embarqué sur les navires de mon père dès l’âge de 18 ans. J’ai découvert de nombreuses villes de la Méditerranée et rencontré Mazzini dont vous parliez et qui m’a initié au sublime mystère de la Patrie. Plus tard, j’ai voulu faire un coup de force à Gène avec Mazzini… pour renverser la royauté. Ils m’ont condamné à mort, mais j’ai pu m’enfuir à Marseille.
FBC : Vous aviez quel âge ?
GG : 27 ans. Je me suis alors embarqué pour l’Amérique du Sud où je me suis toujours battu au côté des indépendantistes. Au Brésil, avec la jeune République du Rio Grande do Sul, puis en Uruguay contre le dictateur argentin Rosas, puis deux années plus tard encore en Uruguay avec une Légion italienne, constituée d’exilés et d’aventuriers. Ah ! C’était le bon temps ! J’étais accompagné de mes « Chemises rouges », mes fiers soldats, et cela durant treize années de combat, de victoires qui ont fait de moi le héros populaire que vous connaissez.
FBC : Et l’Italie alors ?
GG : L’Italie ! Ce fut plus compliqué. Je suis revenu à Nice à 44 ans. J’ai offert mes services à Charles-Albert de Savoie, roi de Sardaigne, prince du Piémont, duc de Gènes et j’en passe pour bouter les Autrichiens hors d’Italie. Sans succès.
FBC : Vous êtes devenu soudain monarchiste ?
GG : Non patriote. Un an plus tard, je marchais sur Rome et y proclamais la République. Malheureusement, le pape Pie IX appelle Napoléon III à la rescousse et j’ai dû une nouvelle fois partir en exil, à Londres cette fois, puis les États-Unis la Chine… Mais, ce n’était que partie remise, je suis revenu en Italie en 1854 à 50 ans, plus décidé que jamais. Je me suis mis au service du nouveau roi de Sardaigne Victor Emmanuel II qui me confie le commandement des chasseurs alpins contre l’Autriche. J’ai alors conquis la Lombardie, puis Parme, la Toscane, Bologne, Modène, Ferrare… Voilà ce que je proposais à mes Chemises rouges : ni salaire, ni quarts, ni nourriture. Je vous offre seulement la faim, la soif, des marches forcées, des batailles et la mort. Que celui qui aime son pays avec son cœur et non pas seulement avec ses lèvres me suive.
FBC : Pas très réjouissant comme programme… Et le sud de l’Italie ?
GG : Ne soyez pas si pressé, j’y viens ! Camillo Cavour, le chef du gouvernement, ne voulait pas se mouiller dans une révolte qui venait d’éclater en Sicile. Il m’a donc confié le sale boulot à moi et mes Chemises rouges. J’ai débarqué à Marsala et suis parti à la conquête de l’île, ce qui fut vite fait bien fait. Ensuite, j’ai été conquérir Naples et voilà le travail. C’e la faccio, l’unité italienne était pratiquement réalisée et Victor Emmanuel II a été proclamé roi d’Italie. A propos, à moi de poser une question : savez-vous pourquoi le nom de Viva Verdi fut tant acclamé lors de la présentation du Nabucco du célèbre compositeur.
FBC : Non…
GG : VERDI est l’acronyme de Vittorio Emmanuel Re d’Italia ! Les Autrichiens ne comprenaient pas que derrière ces acclamations, il y avait Viva Victor Emmanuel, roi d’Italie. Cela ne leur aurait pas plu.
FBC : C’était bien trouvé ! Et après.
GG : Après, je suis retourné en France où j’ai bouté les Prussiens hors de Dijon. J’ai été député de Paris, j’ai participé aux événements de la Commune. Puis j’ai été à nouveau député de Rome. Finalement, je me suis retiré sur l’île de Caprera, au nord-est de la Sardaigne où j’ai écrit mes mémoires et où j’aime depuis contempler la beauté de ma patrie de cœur.
FBC : En somme, une vie bien remplie !
GG : Oui, j’étais le héros des deux mondes, je tombais sur mes ennemis. Maintenant, je tombe où je suis.
Merci Franck : très intéressante présentation du fameux auteur de « Italia fara da sé… »