Interview postume de Catherine de Médicis
Mon interview d'une célébrité dans La Voce de avril-mai 2022 (pseudonyme Franco Berneri-Croce)
Franco Berneri-Croce : Bonjour, Majesté ! La Voce et ses innombrables lecteurs au sang italien, vous transmettent leur respectueuses salutations et vous remercie de nous recevoir dans votre si beau château de Blois où vous… vous reposez depuis 1589.
Catherine de Médicis : Cavolo ! C’est un plaisir et maintenant, j’ai tout le temps pour répondre à vos questions.
FBC : Merci, Votre Majesté. Vous êtes née en 1519 et êtes l’arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique. Vous êtes donc Italienne par votre père, Laurent II et Française par votre mère Madeleine de la Tour d’Auvergne. Vous êtes également la petite nièce du pape Léon X. À la mort de vos parents, vous avez hérité de la fortune familiale. Certaines mauvaises langues ont même insinué que feu votre époux, le roi Henri II, a attribué davantage de charme à votre dot qu’à votre beauté. Assurément, ces goujats n’ont jamais eu le privilège de pourvoir admirer votre beauté.
CM : Je suis sensible à votre délicatesse, mais n’en faites pas trop tout de même. J’ai eu une grande habitude des courtisans durant ma vie. Lorsque nous nous sommes mariés, le futur roi de France et moi n’avions que 14 ans. Nous n’avions donc, ni lui ni moi, voix à aucun choix personnel. C’est le roi de France François 1er qui est l’instigateur de cette union. Néanmoins ce furent mes meilleures années de ma vie. À l’époque j’aimais la fête, rire et m’amuser.
FBC : Qu’est-il arrivé ?
CM : Mon union est restée stérile durant une dizaine d’années. Finalement, j’ai mis au monde dix enfants dont trois ont régné sur le royaume de France : François II, Charles IX et Henri III.
Mais j’ai eu à subir les outrages de Diane de Poitiers. Cette femme, après avoir été mariée à Louis de Brézé de 37 ans son aîné, s’est emparée du cœur de mon mari de 19 ans son cadet. Il lui a tout donné, y compris le château de Chenonceau qui me plaisait tant. Je sais que vous répondez au « courrier du cœur » de La Voce. Vous imaginez donc ce que j’ai pu ressentir.
Heureusement, j’ai pu le récupérer par la suite et l’échanger contre le château de Chaumont-sur-Loire après la mort de mon mari. Toujours est-il que j’ai dû subir la présence de Diane de Poitiers durant une vingtaine d’années. Imaginez mon humiliation alors qu’au château de Saint-Germain ses appartements se situaient juste au-dessous des miens. Tout comme à Blois d’ailleurs…
FBC : On dit que vous avez fait percer un trou dans le plancher de ce même château de Blois pour découvrir en quoi votre rivale pouvait bien vous êtes supérieure dans les jeux de l’amour.
CM : Absurde !
FBC : On dit aussi que dans ce château de Blois, il y a un cabinet secret dit « des poisons ».
CM : Insensé ! Des remèdes tout au plus.
FBC : Il paraît que vous êtes la première personne dans le royaume de France à avoir mis sur pied un réseau d’espionnage constitué de jeunes femmes aussi peu farouches que séduisantes. On connaît ce réseau sous le nom d’« escadron volant ».
CM : On dit tant de choses. Voudriez-vous me faire passer pour une mère maquerelle ?
FBC : Certainement pas Majesté. Et puis à l’âge de 40 ans, le roi Henri II décède dans un tournoi. Cette mort aurait été prédite par votre protégé Nostradamus.
CM : Oui, je n’ai pu le protéger longtemps, tant la haine se déchaînait autour du lui. Mais je me souviens encore de sa prédiction :
Le lyon ieune le vieux ſurmontera
En champ bellique par ſingulier delle
Dans Cage d’or les yeux luy creuera
Deux playes vne, puis mourir, mors cruelle.
Les deux chevaliers en lice, le comte de Montgommery et mon mari avaient tous deux le lion pour emblème. Lors d’un second assaut, la lance de l’Écossais a soulevé la visière du haume du roi et l’a blessé mortellement à l’œil.
FBC : Pour en revenir aux châteaux, vous avez fait agrandir celui du Louvre et construire celui des Tuileries aujourd’hui disparu. Quant à ce magnifique château de Blois, il existe une légende qui s’y rattache concernant vos derniers moments.
CM : En effet. Nostradamus m’avait prédit que ceux-ci se passeraient auprès de Saint-Germain. J’ai donc évité, le plus souvent possible, de me rendre dans cette résidence royale, préférant le château de Blois. Je me rendais tous les jours à la messe et devait traverser la cour. En janvier 1589, je pris froid et dépéris très rapidement. Voyant les derniers instants arriver, on voulut appeler mon confesseur habituel ? Ce dernier étant absent, on fit venir un prêtre du nom de Saint-Germain… C’est lui qui m’administra l’extrême-onction.
FBC : Une dernière parole ?
CM : Lacrymae hinc, hinc, hinc dolor.
FBC : Ce qui veut dire ?
CM : De là viennent mes larmes et ma douleur. C’est ma devise.
Retrouvez l'interview du dernier numéro, celle de Joseph Balsamo
Décidément tu es multiple: médecin, thérapeute (hypnose), psy ami de Carl Gustav Jung, écrivain, humoriste (cf. contes Zen), philosophe, éditeur, animateur de cours à l’UIA et à l’UPEC (es Paris XII), spécialiste ex « Plaisir » … pour ne parler que du présent … à compléter au fil du temps à venir
Chapeau bas amico
Grazie amico mio !