Parution mai 2016
La suppression systématique d’un aliment ou d’une catégorie d’aliments ne constitue pas un acte anodin. Que convient-il de faire alors lorsqu'on est adepte du végétarisme ?
Comprendre et intégrer les principes de base d’une alimentation équilibrée constitue le préalable pour adopter ce type de régime.
Première édition
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Premières pages
Avant-propos
En matière d’alimentation l’Enfant est un cas à part. Ses goûts, sa culture culinaire dépendent principalement de ceux de ses parents, de ses frères et sœurs et de ses camarades, à la cantine par exemple. L’apprentissage se fait repas après repas en fonction de la charge affective mise par la famille autour des mets et de la table. Cet investissement alimentaire depuis la plus tendre enfance conditionnera les goûts et les conduites ultérieures. C’est ainsi que se transmettent, de génération en génération, certaines recettes mais aussi certains comportements.
L’alimentation est bien davantage qu’un comptage de calories, qu’un savant dosage de vitamines ou de minéraux, qu’une proportion de protéines, de lipides ou de glucides ; elle est le point de rassemblement de la famille, de la communauté, de la société autour de rites ancestraux et d’une culture propre à chacune d’entre elles. Les Français mangent différemment des Italiens, des Chinois, des Anglais ou des Mexicains.
A cela, il faut ajouter les rites religieux qui imposent ou excluent tel ou tel aliment.
Certaines convictions personnelles peuvent aussi entrer en ligne de compte. Il en va ainsi du végétarisme. L’homme est naturellement omnivore. C’est à dire qu’il peut se nourrir de viande, de fruits et de légumes. Sa dentition et son système digestif, lui permettant cette adaptation, le sauvegardent ainsi plus facilement de la famine. Malgré l’exclusion de certains aliments, la variété de l’alimentation, permet à l’individu de subsister dans des situations standardisées ou la nourriture ne manque pas (ce qui permet la variété) et où elle est suffisamment abondante pour que l’organisme puisse y puiser les quantités nécessaires et suffisantes à son bon fonctionnement. A l’heure actuelle on parle d’apports quotidiens recommandés (AQR) pour les vitamines et les minéraux car on s’est rendu compte que certaines situations provoquent des carences dans ce domaine.
Or les carences peuvent à leur tour provoquer des maladies. On connaît par exemple le scorbut en cas de manque de vitamine C ou encore l’anémie quand la vitamine B12 vient à manquer.
L’Enfant est un être particulièrement fragilisé face à des conduites alimentaires inadéquates.
Il est vulnérable dans le ventre de sa mère. La grossesse impose un accroissement de la ration alimentaire d’environ 200 kcal par jour. Les besoins en vitamines (B9, B12, D) et en minéraux (fer, calcium) sont eux aussi augmentés durant cette période.
Il est vulnérable durant sa petite enfance où des comportements inadaptés peuvent engendrer une obésité ultérieure ou une prédisposition à des maladies osseuses ou métaboliques.
Il est vulnérable durant son enfance pendant laquelle il grandit, utilisant pour cela à plein régime un grand nombre de macronutiments (protéines, glucides et lipides), mais aussi des micronutriments (vitamines et minéraux). Cette surconsommation est encore accrue lors des examens scolaires ou des exercices physiques importants. Bon nombre d’enfants sont en effet inscrits dans des clubs sportifs et font de la compétition parfois de haut niveau.
Il est vulnérable durant l’adolescence où le mimétisme et l’envie de ressembler à telle ou telle « star » l’amène à sauter des repas ou à diminuer parfois dangereusement son alimentation créant ainsi de graves carences.
L’enfant est vulnérable parce que désarmé face à la pression de son entourage. Ce n’est pas lui qui choisit son alimentation. Ce sont ses parents. Ce n’est pas lui qui dicte ses goûts. Ses parents parfois à tort mais heureusement très souvent à raison les lui imposent. « Mange, c’est bon pour toi ». « Tu ne peux tout de même pas ne manger que des pâtes et des frites »…
C’est pourquoi lorsque certaines pratiques sont parfois trop exclusives parfois mal comprises, elles sont susceptibles de mettre en danger le bien-être physique ou moral de l’enfant.
De même qu’un enfant doit bénéficier d’un certain temps de sommeil, il a besoin d’une alimentation diversifiée. Si l’on retire certains aliments – sans en préjuger du bien fondé – il faut les compenser par d’autres denrées, sous peine de créer des carences.
Le but de cet ouvrage est d’aider les personnes adeptes du végétarisme à trouver les clefs pour une meilleure alimentation de leur enfant. Il ne veut ni encourager, ni stigmatiser, certaines pratiques mais seulement aider les parents à ne pas commettre d’erreurs dommageables envers leur progéniture. Il se propose de concilier deux objectifs.
Le premier consiste à assurer la croissance de l’enfant dans de bonnes conditions, tant au niveau de son squelette que de son cerveau, mais aussi à prévenir les maladies dues à des troubles métaboliques (athérosclérose, diabète, obésité) ou à des carences (fer, calcium, acides gras essentiels pour ne citer que les principales). Nous devinons ainsi que derrière l’alimentation se profile une notion plus générale : la santé.
Le second tend à épouser le désir d’alimentation végétarienne des parents, tout en sachant qu’un tel régime ne peut s’effectuer qu’à partir du moment où l’enfant est suffisamment grand pour bénéficier d’une alimentation diversifiée.
Construit sous forme de questions et de réponses, cet opuscule se propose de répondre aux interrogations les plus courantes dans ce domaine. Enfin un index permet de retrouver, directement, à l’aide de mots clefs les différentes rubriques souhaitées.
Enfant – adulte, une alimentation différente ?
On pourrait se dire qu’après tout, l’enfant n’est qu’un adulte en miniature. Il doit donc, peu ou prou, manger la même chose qu’un adulte mais en moins grandes quantités.
Il n’en est rien. L’alimentation de l’enfant a pour but :
– de couvrir ses dépenses énergétiques (tout ce que son organisme brûle pour fonctionner),
– de remplacer les matériaux usagés,
– de fournir en sus les calories nécessaires à son activité physique et sportive, mais surtout, d’apporter l’énergie et les matériaux destinés à sa croissance, ce dont l’adulte n’a plus besoin.
Les animaux sont mes amis, je ne mange pas mes amis (Georges Bernard Shaw)
Article dans L’express Le guide santé de l’enfant végétarien
Bel article à lire dans L’Express
Avis des lecteurs
Avis des lecteurs
Cher confrère,
Bravo pour votre livre « l'enfant végétarien » qui m'a beaucoup intéressé.
Néanmoins, j'ai noté que vos points de vue sur le végétarisme chez les enfants différait très notablement de la position officielle de l'association américaine de diététique sur le végétarisme.
Si vous ne connaissez pas, l'association américaine de diététique est une institution médicale qui comporte 70 000 membres et qui est spécialisé dans la recherche sur la diététique.
Pouvez-vous avoir l'amabilité de jeter un oeil à cette position (fichier joint au format PDF) et m'indiquer ce qui peut expliquer de telles divergences ?
Notamment le végétalisme y est présenté comme une alimentation viable chez l'enfant, et présentant même des avantages significatifs sur la santé, alors que votre livre dit le contraire.
Qui a raison et pourquoi ?
Bonne continuation dans vos activités et à bientôt,
Dr B.
– Réponse
Cher Confrère,
Je vous remercie de votre couriel. J'ai pris connaissance du fichier joint que vous m'avez adressé et il existe effectivement une divergence sur plusieurs points.
Sur le plan théorique on ne peut contester les chiffres donné par l'article. Cependant dans le régime végétarien il existe un risque de carences en vitamine B12 voir parfois en fer. On peut certes suppléer mais est-il raisonnable de faire la promotion d'une alimentation qui ne se suffit pas.
Je ne partage pas le point de vue de nos confrères américains sur l'absence de carence en fer à l'adolescence. J'ai, ici en France, constaté à de multiples reprises des carences martiales chez des adolescentes « omnivores » et plus encore chez des végétariennes.
Par ailleurs comme vous le savez la maturation de l'os se fait jusqu'à l'âge de 30 ans environ et si le régime est mal compris, une ostéoporose au moment de la ménopause peut être envisagée. L'article ne fait pas mention d'une étude à 30 ans après un régime dans l'adolescence.
Enfin, pour traiter un grand nombre de troubles de comportement alimentaires (notamment anorexie) je reste circonspect sur une modification trop marquée de l'alimentation surtout à l'adolescence.
Tout cela se discute, je ne prétends pas détenir la vérité, d'autant que la vérité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui ni celle de demain.
Je me méfie des études quelque soit le pays d'origine. Je pense simplement que s'agissant d'enfants il convient d'être prudent. Récemment encore des parents ont été condamnés pour un régime végétalien ayant entraîné la mort de leur enfant. Si nous autre médecins faisons la différence entre végétarisme et végétalisme, nos messages ne sont pas toujours compris d'un public néophyte.
J'espère avoir répondu à vos remarques que je comprends fort bien.
Très confraternellement.
FS
—–
- Commentaire 2. (29/3/2009)
1. Dans la présentation que vous faites de votre livre, au tout début de la page, vous notez parmi les avantages du végétarisme l'apport en calcium:
Avantages du végétarisme
Les végétaux apportent beaucoup de micronutriments y compris le calcium. Contrairement aux idées reçues, ce dernier est du reste mieux absorbé dans les légumes que dans les laitages. (…)
Pourtant, dans la réponse au Dr B., vous citez comme désavantage potentiel du végétarisme un risque d'ostéoporose:
Par ailleurs comme vous le savez la maturation de l'os se fait jusqu'à l'âge de 30 ans environ et si le régime est mal compris, une ostéoporose au moment de la ménopause peut être envisagée. L'article ne fait pas mention d'une étude à 30 ans après un régime dans l'adolescence.
Ce que je notais, c'est la contradiction qu'il semble y avoir entre ces deux énoncés. Si le calcium est abondant et bien absorbé dans les végétaux, on ne voit pas trop pourquoi l'ostéoporose serait plus à craindre chez les végétariens que chez les carnivores. Le seul élément que vous apportez à l'appui d'une telle crainte, c'est l'absence d'étude qui démontre l'absence de risque. À ce compte-là, on peut considérer comme risqué de manger du chou les vendredi 13, vu que (je suppose) aucune étude n'a démontré l'absence de corrélation entre une telle pratique et la chute des cheveux vingt ans plus tard…
2. Toujours dans votre réponse au Dr B., à l'encontre du végétarisme vous affirmez encore:
Cependant dans le régime végétarien il existe un risque de carences en vitamine B12 voir parfois en fer. On peut certes suppléer mais est-il raisonnable de faire la promotion d'une alimentation qui ne se suffit pas.
Le risque de carence en B12 chez les végétariens n'est pas contestable, et implique une supplémentation. Cependant, suggérer que ce fait suffit en soi à condamner le végétarisme est une prise de position très idéologique. Il me semble légitime de contester cette prise de position, et de mettre en perspective la notion de «supplémentation» en notant en particulier que le régime carnivore semble lui aussi avoir besoin de supplémentation. Je ne vais pas répéter les arguments de mon premier mail; maintenant que je vous en ai indiqué plus clairement le sens, je vous invite à les relire; j'espère qu'ils vous sembleront plus clairs.
Cordialement,
DO
– Réponse
Pour répondre à votre mail, je pense qu’il faut être prudent chez les enfants qui, contrairement à ce que croient certains, ne sont pas des adultes en miniature. Il ont leur propre psychisme et une physiologie particulière. Je ne me place pas en chercheur mais en clinicien. L’ostéoporose, les carences ne sont pas inéluctables mais possibles et je pense qu’il est du ressort du médecin nutritionniste d’appeler la vigilance des parents sur ce point. Mon livre se place dans cette perspective et nullement dans un dogme qui condamnerait telle ou telle alimentation.
Par ailleurs, étant spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire, je me méfie des modifications de l'alimentation qui impliquent d'avantage le choix des parents que celui l'enfant concerné. Vous pourrez me répondre que c'est justement ce qui fait la diversité et la richesse des cultures culinaires et vous auriez raison si le végétarisme strict ne comportait pas d' »interdits ». Si l'alimentation se bornait à comptabiliser les micro et des macronutriments ingérés tout serait simple. Malheureusement ce n'est pas le cas car l'alimentation comporte une pluralité de dimensions à la fois nutritives, culturelles, émotionnelles, familiales, affectives et symboliques. Là où les connaissances alimentaires s'arrêtent, la médecine commence.
Bien à vous.
FS
Articles de journaux
- Brindilles
- Biba avril 2007 : Merci au Dr Franck Senninger, auteur de l'enfant végétarien »
- Panorama du médecin du 25/09/2003 : « …Un livre pratique et très bien documenté qui aidera les parents, en froid notamment avec la viande, à concevoir des repas sur mesure pour leurs enfants. »
- PrOfil : « …Adressé aux parents d'enfants végétariens, cet opuscule nous concerne tous… »
- Réponse parents de sept-oct 2003 : « …En abordant le rôle des nutriments, des apports quotidiens recommandés (AQR), des vitamines, des minéraux et autres acides aminés, ce livre donne les clés pour une meilleure alimentation et éviter un mauvais développement physique chez les plus jeunes. »
- Terre & Nature (Suisse) du 31/07/2003 : « …Règle impérative assurer sa croissance (de l'enfant) dans de bonnes conditions, tant au niveau de son squelette que de son cerveau, tout en le préservant des maladies dues à des troubles métaboliques. Derrière la notion d'alimentation se cache celle de la santé… » Nicole Marrama
- Agenda + de septembre 2003 n150 : « Un guide pratique et très complet pour accompagner les enfants ou les adolescents qui choisissent le chemin du végétarisme… Des indications sur les aliments riches en protéines végétales et des menus pour varier l'alimentation complètent ce précieux tour d'horizon. »
- Femme Actuelle du 27/10/2003 : « …Faire le choix du végétarisme peut donc entraîner des carences chez son enfant. Pour les éviter, ce guide rappelle où trouver les protéines indispensables à la croissance
- Écho Magazine (Suisse) du 22/04/2004 : « …Construit en partie sous forme de questions et réponses, ce petit livre propose des pistes pratiques aux parents qui cherchent les clés pour une alimentation équilibrée de leur enfant. Sans oublier la nourriture tendresse… »
- SILENCE n309 : « Si les adultes peuvent assez facilement choisir de devenir végétarien, c'est plus difficile pour un enfant en pleine croissance… »
- Profil femme (Suisse) du 13/10/2003 : « Voilà un petit abécédaire de l'alimentation végétarienne chez l'enfant, signé du nutritionniste Dr F. Senninger… Cet opuscule nous concerne tous. Il est toujours bon de trouver des petits trucs pour compléter notre alimentation et combler certaines carences.
- Objectif et Action Mutualistes n273, novembre 2003 : « Un beau jour, votre enfant vous annonce qu'il ne veut plus manger de viande. Passé les premiers moments de désarroi, il vous faut réagir positivement… » Suzanne Kestenberg .